Actualité

Réflexions : L’andragogie de l’alternance, un enseignement adapté à l’apprenti de l’EGC

9 octobre 2024

L’apprenti à l’EGC présente toutes les caractéristiques de l’apprenant adulte, tel qu’il est défini dans la formation professionnelle. L’enseignement dispensé s’adapte donc à ce public spécifique, en utilisant l’andragogie, c’est-à-dire la pédagogie des adultes.

L’apprenti de l’EGC est un apprenant adulte

L’apprenant adulte présente les caractéristiques suivantes. D’abord, l’auto-direction (Knowles, 1975) : il s’agit d’un processus dans lequel l’apprenant prend l’initiative dans sa formation, avec autonomie et proactivité, en mettant en œuvre les stratégies d’apprentissage appropriées à son individualité. Cette caractéristique concorde avec la réforme « Loi formation professionnelle » de 2018. Il existe plusieurs facteurs déterminants de l’apprentissage chez l’adulte (Depover & Marchand, 2002) : leurs préférences en termes de styles et de stratégies d’apprentissage, leurs attitudes face au changement, leurs dynamiques de motivation intrinsèques et extrinsèques, leurs expériences antérieures mais aussi leur contexte social et environnemental. Ensuite, l’auto-régulation (Jézégou, 2010) de l’apprenant adulte, correspondant à sa capacité à planifier, surveiller et évaluer ses propres apprentissages. Enfin, l’apprenant adulte présente un certain degré de liberté (Simonian, 2019) : leur capacité à prendre des décisions concernant leurs apprentissages se base à la fois sur leur autonomie et leur autodétermination, mais tient aussi compte des contraintes institutionnelles et structurelles de leur formation. L’apprentissage avec ce degré de liberté est à la fois flexible, adaptatif, collaboratif et participatif. 

En observant les apprentis de l’EGC en situation d’apprentissage, nous constatons également ces caractéristiques et notamment le besoin de connaître le « pourquoi » des apprentissages, et de les situer dans un contexte professionnel concret pour en faire des apprentissages utiles.

La pédagogie de l’alternance est une andragogie

Alors la pédagogie de l’alternance mise en œuvre à l’EGC devient une andragogie (Knowles, 1984) incluant l’implication dans le dispositif d’apprentissage qui modifie les postures de l’apprenant et du formateur, mais aussi la motivation intrinsèque de l’apprenant, avec des objectifs individuels et collectifs. Les grands principes de l’andragogie sont le besoin de savoir, la prise en compte de l’individu comme prêt à apprendre, avec son expérience antérieure et sa motivation. Cela transforme aussi l’expérience de l’apprenant (à l’école ou en entreprise) comme ressource de la formation. La modalité d’apprentissage se fait par situation-problème et par la pratique. Il s’agit de proposer des situations authentiques, réalistes et complexes qui nécessitent l’activation de la cognition individuelle des apprenants, ainsi que leur collaboration pour résoudre le problème pratique et pragmatique tout en conservant réflexivité et pensée critique.

Si certains peuvent considérer l’andragogie comme une simple critique de la pédagogie scolaire et d’autres objecter que le terme « anthropogogie » est moins discriminant étymologiquement, pour plus de simplicité, nous conservons le terme d’andragogie de l’alternance, considérée comme une « pédagogie alternative » (Roquet & Albini, 2010, p. 170).

Les caractéristiques de l’andragogie de l’alternance

A l’EGC, cette andragogie de l’alternance est appliquée, avec ses différentes caractéristiques spécifiques. Avec les allers-retours entre théorie et pratique, entre situations synchrones et asynchrones ou même présentielles et distancielles, l’apprenti accède à des modalités plurielles d’appropriation des savoirs mais aussi une interdépendance des milieux de vie socioprofessionnels et scolaires. Ces savoirs peuvent être homologués (ceux du référentiel), savants (ou disciplinaires) ou encore expérientiels (ceux des situations de travail), sans cloisonnement de ces différents apprentissages.

Cette multimodalité est encadrée par une démarche qualité se retrouvant à plusieurs niveaux organisationnels, administratifs et pédagogiques (VISA, Qualiopi…). Au-delà des considérations administratives, cette andragogie de l’alternance se base sur une démarche d’amélioration continue tracée et analysée. 

Cela est rendu possible par le travail des équipes pédagogiques, qui agissent ensemble mais aussi avec les apprenants. Cet agir ensemble, cet apprentissage orienté vers l’agir (et non vers son analyse) entraîne de nombreuses transformations, tant côté formateur que côté apprenant, avec une place forte dédié à l’interaction entre les acteurs, mais aussi entre les principes, méthodes et outils. L’andragogie de l’alternance place l’apprenti dans une expérience incluant le concept de soi, l’autrui, l’action mais aussi la situation, et pas seulement dans une vocation professionnalisante liée au métier. 

Si cette andragogie se situe systématiquement dans un entre-deux, avec une alternance qui peut être juxtapositive, associative voire intégrative, la visée des enseignements à l’EGC, elle donne du sens aux apprentissages pour permettre d’aller vers l’émancipation, définie comme un déplacement de l’individu depuis une place initiale dans l’espace social, vers une nouvelle place correspondant davantage à ses aspirations. 


Sarah PERRIER
Responsable FIMinnov’
Doctorante en Sciences de l’Education
FIM CCI Formation / EGC Normandie



Sarah PERRIER est Responsable de la cellule d’innovation pédagogique FIMinnov’ – Pédagogie et Numérique au sein de FIM CCI Formation et du Campus EGC Normandie.
Elle est Doctorante en Sciences de l’Education et de la Formation au sein du CIRNEF – Université Rouen Normandie, ses travaux de recherche portent sur le sujet suivant : “Créer un pont entre recherche scientifique et pratiques pédagogiques dans les centres de formation d’apprentis : une recherche-action collaborative sur l’innovation andragogique”

Sources documentaires :

Depover, C., & Marchand, L. (2002). E-learning et formation des adultes en contexte professionnel. De Boeck Supérieur. https://shs.cairn.info/e-learning-et-formation-des-adultes-en-contexte-pr–9782804141066?lang=fr

Jézégou, A. (2010). Chapitre 2. Diriger, par soi-même, sa formation et ses apprentissages. In Accompagner des étudiants (p. 51‑85). De Boeck Supérieur. https://doi.org/10.3917/dbu.rauce.2010.01.0051

Knowles, M. (1975). Self-Directed Learning : A Guide for Learners and Teachers. Follet Publishing Company.

Knowles, M. (1984). Andragogy in Action. Applying Modern Principles of Adult Education. Jossey Bass.

Roquet, P., & Albini, D. (2010). L’alternance à l’épreuve de l’institutionnalisation : Une question de sens ? Spirale – Revue de recherches en éducation45(1), 167‑181. https://doi.org/10.3406/spira.2010.1165

Simonian, S. (2019). L’affordance, pour comprendre les rapports au numérique. Éducation Permanente219(2), 61‑70. https://doi.org/10.3917/edpe.219.0061

Vanhulle, S., Merhan, F., & Ronveaux, C. (2007). Du principe d’alternance aux alternances en formation des adultes et des enseignants : Un état de la question. In Alternances en formation (p. 7‑45). De Boeck Supérieur. https://www.cairn.info/alternances-en-formation–9782804155278-page-7.htm